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Daniel Scimeca, homéopathe

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EntretienEffets secondaires des médicaments et scandales répétés où les intérêts financiers semblent laisser de côté l’intérêt du patient, la population a de plus en plus tendance à se tourner vers une médecine transversale dont l’homéopathie truste le haut du panier. Pour Agents d’Entretiens, Daniel Scimeca, médecin homéopathe, nous ouvre les portes d’une médecine douce sur laquelle quelques irréductibles « vieilles barbes » continuent de taper allégrement.


« Il faut se souvenir que l’Académie de médecine avait condamné Pasteur en 1885 parce qu’il n’était pas médecin. Après cette bourde, elle aurait pu se taire pour l’éternité ! »

Principe de « similitude », recherche de la « globalité » et utilisation technique de dilutions infinitésimales sont les trois grands principes de l’homéopathie. Pouvez-vous nous éclairer sur ses bases et son principe de fonctionnement ?

L’homéopathie est basée sur le principe de similitude découvert en 1796 par le médecin saxon Samuel Hahnemann. Ce principe lui est apparu en traduisant des ouvrages médicaux et en constatant que certains produits, toxiques à haute dose, étaient capables de soigner à des doses infinitésimales. Cette loi de similitude existe également avec le principe de l’hormèse en 1888 (un pharmacien allemand, qui rapporta ses observations sur le fait que la croissance de la levure pouvait être stimulée par de petites doses de poisons). Nous savons par exemple que le gaz radon est toxique et cancérigène et pourtant, à très faibles doses, il devient cancéro-protecteur. Samuel Hahnemann s’est essayé avec les poisons de son époque, toxiques à hautes doses et thérapeutiques en très faibles quantités. Pour éviter cette toxicité, à une époque où les outils scientifiques étaient assez limités, Hahnemann secouait un certain nombre de fois ces préparations afin de convenablement les diluer. On s’est ensuite aperçu que ce processus était essentiel dans la préparation d’un médicament homéopathique. En définitive, rien n’est poison, tout est poison, tout dépend de la dose ! Il suffit pour cela de regarder d’ailleurs ce que représente le caducée du médecin. Le serpent qui se regarde dans un miroir est le processus premier qu’utilisaient les scientifiques afin que le serpent attaque le miroir et crache son venin, venin qui servait ensuite, dilué, à fabriquer des antidotes.

Quelle est aujourd’hui la part de l’homéopathie dans la médecine ?

Selon les statistiques de l’OMS, 57 % des Européens utilisent les médecines alternatives et complémentaires (MAC). En France, le recours à l’homéopathie est entré depuis bien longtemps dans les mœurs, et les généralistes l’utilisent comme une corde supplémentaire à leur arc afin de soigner les patients. Chez des personnes atteintes d’un cancer et traités en chimio ou en radiothérapie, l’homéopathie vient en traitement d’appoint, non pour lutter contre le cancer lui-même, mais pour aider le patient à supporter les traitements et avoir un meilleur état général.

La majorité de la communauté scientifique et médicale considère que l’homéopathie est une pseudoscience entrant en contradiction avec les connaissances actuelles en chimie et en biologie. Que répondez-vous à vos détracteurs ?

Je ne réponds plus ! Ce sont toujours les mêmes vieilles barbes que l’on entend et qui rabâchent un discours identique depuis des décennies. Il faut savoir que l’immense majorité du corps médical et des politiques ne sont aucunement opposés à l’homéopathie. Seuls quelques virulents hospitalo-universitaires s’acharnent contre cette médecine. Il existe, spécialement dans le milieu animal, des études qui prouvent l’action de l’homéopathie. Les volailles sont ainsi étudiées, en raison de l’exiguïté dans laquelle elles vivent. Les élevages industriels ne peuvent en effet avoir recours aux antibiotiques. On traite alors l’agressivité des animaux confinés grâce à un mélange de quatre médicaments homéopathiques qui ont largement prouvé leur efficacité. Malgré ces réussites, il reste de bon ton de railler l’homéopathie dans les dîners et les salons, sans en avoir la connaissance nécessaire. Certains grands noms de la médecine, comme le Pr Luc Montagnier, s’intéressent à l’homéopathie et soulignent son efficacité. Et lorsqu’un prix Nobel de médecine s’exprime, on peut difficilement le railler d’incompétence !

En 2004, l’Académie nationale de médecine a demandé – en vain – le déremboursement des préparations homéopathiques en présentant l’homéopathie comme une « méthode obsolète » fondée « à partir d’a priori conceptuels dénués de fondement scientifique » et « comme une doctrine à l’écart de tout progrès » Pourquoi cet acharnement ?

L’Académie de médecine qui, soit dit en passant, n’a jamais été au premier plan par ses publications, relance ce pseudo-débat tous les trois ou quatre ans et demande même de temps à autre l’interdiction pure et simple de l’homéopathie. Il faut se souvenir que l’Académie de médecine avait condamné Pasteur en 1885 parce qu’il n’était pas médecin. Après cette bourde, elle aurait pu se taire pour l’éternité !

Les médecins sont-ils formés à l’homéopathie durant leurs études ?

Il y a zéro heure de cours en fac de médecine sur l’homéopathie. Les pharmaciens (qui, même s’ils ne s’intéressent pas à ce domaine, vont en vendre dans leur officine) ont un cursus minimal. Le Conseil national de l’ordre des médecins a demandé, depuis 1996, sans se prononcer sur le fond, à ce qu’un médecin généraliste suive un cursus de trois ans dans une école afin d’obtenir un diplôme universitaire et pouvoir se prétendre médecin homéopathe.

Aujourd’hui, on constate que de nombreux médicaments produits par les gros laboratoires pharmaceutiques sont placés sur liste rouge, car jugés comme, au mieux, placebo. Pensez-vous que certaines personnes vont se tourner à nouveau vers l’homéopathie ?

On le constate déjà pour tout un tas de choses ! Les laboratoires pharmaceutiques ont aujourd’hui un pouvoir énorme et, dès qu’un marché pointe le bout de son nez, ils s’y engouffrent. On le remarque actuellement avec le problème de l’ostéoporose. Le marché est vaste, donc juteux, et le monde pharmaceutique n’a pas hésité à investir ce domaine-là où l’homéopathie apparaît comme une alternative intéressante et porteuse de résultats probants. Il est important de considérer l’homéopathie comme une médecine alternative ET complémentaire. Elle est complémentaire pour les cancers et alternative pour un mal de tête. Je note depuis quatre à cinq ans, de manière vraiment sensible, des patients qui viennent me voir juste pour me montrer leurs ordonnances et me demander mon point de vue. La confiance en la médecine traditionnelle, qui a presque à chaque fois recours à des médicaments, inquiète de plus en plus les patients devenus méfiants. L’inflation de l’utilisation de médicaments (on l’a vu avec les antibiotiques !) n’est pas du tout anodine et s’avère fortement néfaste pour les défenses immunitaires fabriquées naturellement par notre corps. Je crois qu’aujourd’hui, de plus en plus de patients en ont conscience, d’où leur désir de se tourner vers une médecine qui utilise tous ses outils.

Vos patients sont-ils des déçus de la médecine traditionnelle ?

Certains sont effectivement dans le rejet. Ces personnes sont « philosophiquement » tournées vers les médecines douces et là, nous assistons au problème inverse. Bien difficile de leur faire avaler un médicament « classique » lorsque leur état de santé l’oblige ! Je constate l’émergence d’une population de plus en plus pragmatique. Ce ne sont plus les babas écolos qui viennent se faire soigner par l’homéopathie, mais des parents qui en ont assez de voir leurs enfants sous antibiotiques tous les quinze jours. Le pragmatisme et le bon sens ont remplacé l’idéologie, et je pense que c’est une bonne chose.

Sur le papier, l’homéopathie peut-elle soigner toutes les maladies bénignes comme les médicaments courants ?

Oui, l’homéopathie peut traiter toutes les pathologies courantes, parfois avec un « ou » et d’autres fois avec un « et ». Pour une gastro ou une rhino, l’homéopathie suffit amplement alors que dans le cas d’un foyer infectieux pulmonaire, par exemple, il faudra avoir recours à un antibiotique afin de guérir l’infection et à l’homéopathie pour se remettre de la fatigue engendrée par la maladie.

Les remèdes homéopathiques sont en vente libre en pharmacie sans ordonnance. Pensez-vous que l’homéopathie devrait être sujette à plus de contrôles ?

Tout ce qu’on risque avec l’homéopathie, c’est l’inefficacité ! Aucun risque pour votre santé, contrairement à certains médicaments classiques. Pourquoi devrait-on avoir recours à une ordonnance ? Personne n’est choqué si une maman se rend à la pharmacie afin d’acheter du paracétamol pour son enfant qui a un peu de fièvre ! On se dit qu’elle aura assez de bon sens pour aller consulter « si les symptômes persistent », comme on dit. L’homéopathie respecte un degré d’automédication raisonnable. Il est selon moi logique que les gens puissent être libres, par goûts ou convictions, de soigner les maladies bénignes par le biais de l’homéopathie. Il faut savoir que le médicament homéopathique a, depuis 1965, un statut de médicament à part entière. Il est remboursé par la Sécurité sociale à hauteur de 35 % et en vente libre sans ordonnance.

Vous êtes également phytothérapeute. Vous pouvez nous expliquer concrètement en quoi consiste cette médecine ?

La phytothérapie est l’utilisation des plantes dans la médecine, là où l’homéopathie est basée sur un principe de similitude à partir du minéral, du végétal et de l’animal. Contrairement à l’homéopathie, les plantes n’ont pas une innocuité totale, et il peut donc y avoir des effets secondaires. La plante, en temps que traitement médicinal, a une action globale plus douce et bénéficie d’une multitude de molécules, là où un médicament classique n’utilise qu’une seule molécule. La phytothérapie est une allopathie intelligente et qui, de surcroît, respecte l’écologie biologique d’un individu.

Le premier texte connu sur la médecine par les plantes est gravé sur une tablette d’argile, rédigé par les Sumériens en caractères cunéiformes 3000 ans av. J.-C. La médecine par les plantes étant ancestrale au niveau des soins prodigués, pourquoi a-t-elle peu à peu été abandonnée ?

Le début du XXe siècle a rimé avec l’apparition de la morphine, de la pénicilline, de la cortisone… Ces cinquante premières années du XXe siècle ont donc vu l’apparition de molécules qui ont changé la face du monde. Depuis les années 1960/1970, on peut quasiment dire que rien n’a bougé ! Les laboratoires, aujourd’hui, se limitent à faire des copies de copies. L’engouement pour ces nouvelles molécules était donc normal sauf qu’il a engendré des débordements, comme l’utilisation massive et souvent non à propos d’antibiotiques. Je me souviens que, lorsque je me suis installé en 1983, les visiteurs médicaux faisaient la queue dans ma salle d’attente pour me présenter une flopée d’antibiotiques qu’ils m’incitaient à prescrire, même pour un simple rhume ! Aujourd’hui, on s’aperçoit à nouveau que les plantes peuvent être très utiles en médecine, mais pas n’importe comment et à n’importe quelle dose.


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