Art

Antoine Brizard, Tesla fait peau neuve ! (épisode 1)

0
Please log in or register to do it.

Faire d’une Tesla un joyau dans son écrin, un exemplaire unique, divine vitrine roulante d’un savoir-faire français qui excelle dans la sellerie comme dans la broderie, c’est le challenge que s’est fixé Antoine Brizard, co-gérant de l’entreprise située au cœur de Reims, Sublim Brodeurs. En compagnie de près d’une quinzaine de passionnés tout comme lui, Antoine a mis à nu l’une des dernières nées de chez Elon Musk pour lui confectionner une robe version grand couturier. Pas à pas, semaine après semaine, de la genèse à la concrétisation du projet, nous allons suivre les étapes, les difficultés, les prouesses, les doutes comme les joies de cette aventure humaine qui permettra à cette Tesla de faire peau neuve.

« Transformer une voiture de fonction en un prototype car, c’est quand même le plus beau showroom que l’on puisse imaginer ! »

Antoine, vous êtes co-gérant d’une société de broderie située à Reims, Sublim Brodeurs. Avant d’évoquer le projet qui vous anime aujourd’hui, pouvez-vous nous dresser un rapide portrait de votre société et de ce métier de brodeur que l’on ne connaît pas forcément ?

Nous sommes basés à Reims et avons débuté cette activité de brodeurs en 2011. Nous avons démarré sur les marchés avec une jeune société, un concept novateur mais avec peu de moyens. L’entreprise a pris de l’essor et nous avons donc déménagé cinq à six fois, un peu dans l’esprit start-up, passant d’un garage à une pépinière en entreprise. Nous sommes désormais dans le centre historique de Reims, ce qui nous permet une réactivité doublée d’une proximité avec notre quartier, ce qui est plutôt sympathique. Concernant la broderie, le marquage textile, cela consiste à prendre un support (t-shirt, doudoune sans manches, casquettes, parka…) et venir y apposer la marque de nos clients. On ne veut pas parler de vêtements publicitaires mais de création de marques à l’effigie de nos clients. Nous travaillons avec du fil, des aiguilles, de grosses machines qui, pour la plupart viennent du Japon et nous exerçons un vrai métier d’artisan, de savoir-faire. C’est un secteur d’activité où les supports changent en permanence, où il faut s’adapter avec une grosse partie de programmation informatique donc un domaine où l’on apprend tous les jours.

Vous êtes à l’origine d’un projet d’envergure : customiser une Tesla grâce à des matières nobles, principalement du cuir, et montrer le savoir-faire des artisans français dans ces corps de métier que l’on a l’habitude de retrouver dans le domaine de la haute-couture et la maroquinerie de luxe. Comment est née une telle idée ?

Cela fait quelques années que l’on souhaitait réaliser une pièce d’envergure capable de montrer ce que l’on savait faire de mieux en n’ayant aucune contrainte de temps, ni d’argent. Il n’était pas simple de trouver un support pour y parvenir car, même si nous travaillons pour de très belles maisons de luxe, nous devons respecter un contrat de confidentialité et donc il nous était quasiment impossible de montrer un book. Tout doit en effet rester secret ! N’ayant pas de voiture de fonction, on s’est dit que cela serait le support idéal pour nous servir de showroom roulant, vitrine parfaite de notre savoir-faire.

Pour quelles raisons le choix de la voiture s’est-il porté sur la marque Tesla ?

Au début, on était plutôt sur de l’électrique de marque Allemande car, pour nous, Tesla c’était cher. J’étais monté une fois dans l’une de ces voitures et cela ressemblait à un vaisseau spatial inaccessible. Un jour, alors que l’on discutait dans le bureau avec mon associé, passant en revue les voitures susceptibles de répondre à nos attentes, l’un de nos clients est entré nous expliquant que l’on devait absolument acheter une Tesla Modèle 3. En ligne, il nous a montré la voiture et, lui qui en possède quatre ou cinq, s’est mis à nous la vendre en nous expliquant que c’était ce qui se faisait de mieux au monde. Il est parvenu à nous faire précommander la voiture en une demi-heure en ligne. On venait de débourser 64.000 euros quand même ! Mais on s’est rendu compte que l’on ne payait ni la carte grise, ni l’essence, que l’on défiscalisait les batteries sur plusieurs années… Notre client a néanmoins été très fort car, à la fin, on a acheté une voiture, persuadés que c’était le meilleur modèle sur le marché sans même l’avoir vue ou essayée.

Au-delà du caractère très novateur de la Tesla, le fait que cette voiture soit électrique était-il également un élément primordial ?

Nous sommes une société que l’on souhaite moderne donc en avance sur nos concurrents, sur la réflexion environnementale. Travaillant de surcroît dans le centre-ville de Reims, le choix de l’électrique s’imposait comme une évidence.

A-t-il été facile de fédérer une équipe pour vous accompagner dans ce projet et de quelle manière s’est opéré le choix de celles et ceux qui participent à vos côtés et qui, parfois, du fait de leur appartenance à de grandes maisons de luxe sont assujettis à des clauses d’exclusivité ?

On travaille tous les jours avec des artisans qui ont un savoir-faire incroyable. Au-delà d’être des fournisseurs, ils sont devenus, au fil du temps, des partenaires, des amis même. On est toujours un peu frustrés lorsque l’on travaille ensemble car pris par des contraintes de temps et d’argent. J’ai décidé de les convier pour leur faire essayer la voiture et, alors qu’il conduisait, je leur ai expliqué le projet. Tous ont été emballés ! Même ceux qui sont assujettis à des clauses assez contraignantes passées avec de grandes maisons de luxe se sont tout de suite projetés en apportant des idées.

Qui gère le dispatch des différentes opérations et comment avez-vous établi votre feuille de route pour savoir qui allait faire quoi et à quoi ressemblerait la Tesla une fois terminée ?

Avec le directeur artistique avec lequel on travaille, dès que l’on a mis le projet sur papier, on a imaginé les différents process de fabrication. Par rapport aux compétences dont nous disposions, on a pu segmenter la voiture et se dire : « Le sellier va pouvoir s’occuper de cette partie-là, le maroquinier nous fera toute la bagagerie sur mesure… » Tout cela s’est donc opéré naturellement. Actuellement, nous avons treize intervenants dont cinq ou six corps de métier différents sur ce projet. Nous avons le même langage et, surtout, nous sommes tous animés par la même passion. Dans ce projet, on est en permanence en train de nous réinventer car, au fur et à mesure de l’avancement, il y a forcément de nouvelles idées qui germent mais également de nouvelles contraintes auxquelles il faut faire face. On s’adapte et c’est là notre force, être capables de changer de feuille de route tout en gardant notre ligne directrice. On ne se ferme aucune porte !

Qui sont vos fournisseurs pour la principale matière première, c’est-à-dire le cuir ?

Nous avons eu énormément de chance. À force de côtoyer les belles maisons parisiennes, j’ai rencontré des tanneurs dont la tannerie Settebello située en Italie et qui fournit, que ce soit en maroquinerie ou pour les selleries de voiture, les plus grandes maisons au monde. Lors d’un dîner je leur ai parlé du projet et ils ont eux aussi été emballés. Ce sont des gens très novateurs qui souhaitent réinventer la tannerie de demain, une tannerie plus écologique. Comme ils étaient partants pour me suivre dans l’aventure, je leur ai demandé de développer un cuir spécial voiture d’une teinte bien particulière et qui, forcément, comprend beaucoup de contraintes comme la norme feu par exemple tout en gardant la qualité optimale du cuir de maroquinier. Non seulement ils ont répondu à toutes mes attentes vis-à-vis de ce cuir d’exception mais en plus ils me l’ont offert ce qui est juste incroyable sachant qu’il fallait une bonne vingtaine de peaux afin de réaliser l’intégralité de la voiture. La Tesla sera donc entièrement en cuir avec des mix de broderies. La voiture est blanche, le cuir est gold et les accessoires seront noirs. On souhaite quelque chose de sobre qui suive les codes du luxe et du savoir-faire français.

Outre la sellerie des sièges, du volant, des coffres, avez-vous prévu certaines surprises pour faire de cette Tesla un modèle vraiment unique ?

Nous avons créé une bagagerie sur mesure que l’on retrouvera dans le coffre arrière de la voiture. Dans le coffre avant, nous allons mettre en place quelque chose de vraiment novateur, un bar à Champagne. Pour cela nous avons été sponsorisés par la marque Comtesse de Cerhes qui nous accompagne sur le projet. Il y a pas mal de contraintes techniques pour réaliser cette pièce et l’on est en ce moment à l’étude afin de savoir si l’on va pouvoir proposer une cave qui soit réfrigérée. Comme je le disais, on ne se ferme aucune porte, simplement motivés par le fait de réaliser une pièce unique qui puisse répondre à tous les codes du luxe. On va aller aussi loin qu’on le peut dans la lignée de Rolls ou Bentley.

Après cette mise en lumière du savoir-faire français et la réalisation d’une voiture d’exception, que doit devenir la voiture une fois terminée. Comptez-vous la proposer à Elon Musk, fondateur de Tesla et de SpaceX ?

La proposer, pourquoi pas ! C’est une envie certes, mais avec l’actualité qui est celle d’Elon Musk, on n’a pas la prétention que cela l’intéresse. On aimerait que Tesla soit au courant de notre démarche et que la marque, elle, s’y intéresse, ce serait effectivement génial. Transformer une voiture de fonction en un prototype car, c’est quand même le plus beau showroom que l’on puisse imaginer !

Aujourd’hui, vous avez enfin acheté la Tesla, quelle va être la première étape ?

On a commencé cette semaine à démonter la voiture qui se trouve dans un garage. Je vous avoue que c’est le tout début de l’aventure car on se retrouve avec pas mal de contraintes techniques liées à l’électrique. On sait que l’on va au-devant de grosses surprises positives, tout autant que négatives. Mais là, c’est parti !

Serge Teyssot-Gay, l’Interzone post Noir Désir
Sharon Isbin, L’étoile de la guitare classique

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *