Entretiens Musique

Avatarium, de l’ombre à la lumière…

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Projet parallèle de la tête pensante de Candlemass, Leif Edling, Avatarium est à l’image de la Suède, son pays d’origine, une parfaite symbiose entre ombre et lumière, hargne et douceur. Sur une ossature qui louvoie entre inspirations 70’s version Black  Sabbath et Doom est venue se greffer la voix angélique de Jeannie-Ann Smith dont la tessiture s’avère un parfait croisement entre Ronnie James Dio et Emmylou Harris. Soucieux de palier une absence de prestations scéniques pour cause de pandémie, Avatarium nous propose de goûter à nouveau aux joies des concerts, tranquillement installé sur notre canapé, avec un live, « An Evening with Avatarium » qui nous ferait presque oublier, pour un temps du moins, les mesures restrictives actuelles. Marcus Jidell, guitariste et compositeur de la team suédoise nous offre un petit tour en backstage !

« Prendre conscience de notre état de mortel est ce qui nous permet de tirer le meilleur de la vie. »

La sortie d’un album live, était-ce un moyen de nous permettre de goûter à nouveau à la joie des concerts dont nous sommes privés depuis le début de cette crise pandémique ?

C’est bien sûr pour nous un moyen de garder le contact avec notre public tout en allant toucher celles et ceux qui ne sont pas encore venus nous voir. Le live a toujours été notre meilleur terrain d’expression dont effectivement cette crise pandémique nous prive depuis de nombreux mois maintenant. Ce concert, qui sert de support à l’album, a pu être enregistré dans des conditions optimales et également filmé. Nous étions supposés donner de nombreux concerts durant toute cette année 2020 et bien sûr nous nous sentons frustrés de ne pas avoir pu nous exprimer sur scène comme c’était prévu.

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Est-ce que cette situation actuelle très particulière de la pandémie et du confinement a été pour vous une source d’inspiration pour composer de nouvelles choses ?

Je passe effectivement actuellement pas mal de temps en studio à travailler et j’avoue que de nouvelles idées naissent tous les jours. Cette période est donc assez prolifique musicalement parlant. J’ai la chance d’utiliser le studio dans lequel le groupe ABBA a enregistré et la console de mixage est juste magique. Nous avons bien avancé sur de nouveaux morceaux et nous devions enregistrer les parties de batterie mais malheureusement notre batteur est actuellement malade. D’habitude, on avale un antidouleur et on vient quand même enregistrer, peu importe notre état mais, en ce moment, avec cette psychose liée à la Covid, on a préféré attendre qu’il se remette sur pied.

Lorsque vous avez débuté ce projet Avatarium en compagnie de Lief Edling de Candlemass, l’idée était-elle de proposer une musique emplie d’émotion et de noirceur sans même penser à enregistrer un album ?

Lief a un style très particulier d’écriture et, effectivement, sur ce projet, nous voulions centrer les débats sur le registre émotionnel, quelque chose qui soit différent de ce qu’il propose avec Candlemass. L’idée était de nous rapprocher de groupes comme Led Zeppelin dont le champ musical couvre tant d’influences diverses, du blues, au hard rock en passant par des ballades très mélodiques.  

Vous me disiez être actuellement en studio pour la préparation d’un nouvel album. Quelle est aujourd’hui l’influence de Lief dans Avatarium ?

Même s’il travaille sur des tas de projets différents, il est toujours partie prenante dans les compositions d’Avatarium. On se voit d’ailleurs au moins une fois par semaine pour enregistrer de nouvelles choses ou bien tout simplement pour parler musique. Même s’il a pris du recul au niveau des concerts, il est toujours à nos côtés pour les enregistrements.

Vous parliez du large champ musical de Led Zeppelin qui est pour vous comme pour beaucoup de groupes une référence. Est-ce la raison pour laquelle sur ce live, vous avez choisi de reprendre le morceau « In My Time of Dying » que Led Zep a popularisé sur son album « Physical Graffiti » ?

Nous adorons la musique des années 60 et 70 et des groupes comme Led Zep ou Black Sabbath, dont nous avions repris le morceau « War Pigs », ont toujours été des influences majeures pour Leif comme pour moi. Nous avons toujours souhaité introduire des teintes de blues dans Avatarium comme Led Zep savait si bien le faire. Ça explique pourquoi nous avons opté pour une reprise de « In My Time of Dying » qui, à la base, était un morceau de folk/blues traditionnel. Le morceau qui se joue sur une guitare douze cordes revêt tous les éléments musicaux que nous aimons, avec ce jeu permanent entre ombre et lumière. Bob Dylan avait lui aussi repris ce titre et, même s’il n’a pas été facile de s’immiscer entre ces deux légendes, j’espère qu’on a su y apporter notre touche personnelle.

Le mythique double album de Led Zep, « Physical Graffiti » 

Comme on le disait, Avatarium est un mélange de nombreuses influences. On note d’ailleurs parfois une inspiration classique. Est-ce dû au fait que vous ayez pratiqué le violoncelle, que l’on retrouve sur certains morceaux, jusqu’à l’âge de huit ans ?

J’ai effectivement grandi dans cet environnement classique, pratiquant le violoncelle. Je tente donc de combiner ma passion pour la guitare heavy, mon goût pour le blues et ces réminiscences classiques que vous évoquez en un seul projet et cela donne Avatarium.

C’est en écoutant des groupes comme Iron Maiden ou Saxon que l’envie de troquer le violoncelle pour la guitare s’est donc fait sentir ?!

Dès que j’ai entendu la guitare électrique et l’utilisation qu’en faisaient des groupes comme Maiden ou Saxon, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. À partir du moment où j’ai pu avoir une guitare entre les mains, j’ai compris qu’il n’y aurait plus de retour en arrière possible. J’avais définitivement trouvé ma voie en tant que musicien.

Notre société a une appétence à cataloguer les choses comme les personnes, les mettant dans des cases. Que pensez-vous de cette habitude à toujours coller une étiquette sur un groupe pour en définir son spectre musical ?

C’est une chose que je ne comprends pas et à laquelle je n’adhère pas. Je peux tout aussi bien nommer des groupes dans un même soi-disant genre musical que j’adorerai et d’autres que je vais détester. Cela n’a aucun sens. La musique est la liberté par excellence et la faire entrer dans un genre revêt quelque chose de réducteur qui est justement l’antithèse de cette liberté.

Peut-on dire que Avatarium est une parfaite symbiose entre ombre et lumière, entre vos riffs saignants de guitare et la voix angélique de Jennie-Ann ?

Je suis heureux que vous en fassiez cette description car c’est effectivement sur ces deux registres que nous avons souhaité jouer. Quand il y a la lumière, il y a forcément une part d’ombre et réciproquement. Le côté obscur des sentiments, de la personnalité, le sens de la vie et cette mort qui est notre finalité commune sont des éléments très inspirants. Prendre conscience de notre état de mortel est ce qui nous permet de tirer le meilleur de la vie.

La musique est donc une parfaite thérapie pour exhorter cette mort à laquelle nous sommes tous destinés ?!

C’est évident et je ne serais certainement pas le même si je n’avais pas la musique pour exprimer tout ce que je ressens au plus profond de mon être ! La musique me fait me poser des questions sur qui je suis, sur le sens de la vie que tout humain recherche, elle permet de me remettre perpétuellement en question et donc de me faire avancer en tant qu’homme.

La musique est un moyen d’exprimer ce que parfois les mots ne peuvent transcrire ?!

Oui tout à fait et il est d’ailleurs intéressant de noter comme on peut être ému en écoutant une musique instrumentale. Cela prouve à quel point elle est, en elle-même, un merveilleux vecteur d’émotions, de sentiments. C’est la raison pour laquelle on retrouve de la musique instrumentale dans les films. La bande son recèle, sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter des mots, un champ émotionnel infini.

Concernant Jeannie-Ann, vous avez déclaré dans une interview qu’elle était Ronnie James Dio et Emmylou Harris en une seule personne. Sa tessiture vocale était donc parfaite pour couvrir ce registre émotionnel que vous souhaitiez véhiculer avec Avatarium ?!

Elle possède ces deux facettes dans sa voix qui lui permettent de passer de quelque chose de très lourd et percutant à une harmonie douce et emplie d’émotion. C’est vraiment rare d’avoir toutes ces tessitures en une seule et même voix et une telle aisance d’adaptation. Tous les musiciens d’Avatarium ont d’ailleurs ces deux facettes, ce qui est assez rare. De bons musiciens dans des registres spécifiques comme le death, le doom ou dans quelque chose de beaucoup plus doux, on en trouve facilement. Par contre, être capable de s’adapter dans le même morceau à ces deux univers si distincts, ça c’est vraiment plus rare. C’est donc une chance d’avoir pu trouver ces musiciens, véritables caméléons.

Et pour le futur, je suppose que vous avez hâte de retrouver la scène ?!

Nous allons, je pense, prochainement mettre en ligne sur notre chaîne Youtube quelques nouveaux morceaux afin de faire patienter nos fans. Bien sûr, on espère voir bientôt le bout du tunnel de cette crise pandémique. Nous avons pas mal de concerts déjà programmés pour 2021 mais reste à savoir s’ils pourront se tenir ou non. Il faut tenter de rester positif malgré la période sombre que nous traversons. L’être humain n’est qu’un animal ayant acquis une sociabilité et aujourd’hui, forcément, le fait ne pouvoir voir du monde, de partager pèse lourdement sur le moral. La musique est à mon sens là encore un merveilleux moyen d’évasion et une lutte contre cette morosité ambiante. Comme c’est le cas avec Avatarium, il y a de la lumière dans toute noirceur et c’est donc à cette lumière qu’il convient aujourd’hui de se rattacher.

La période actuelle est donc une parfaite allégorie de ce que propose votre musique ?!

Ça en a tout l’air même s’il est bien difficile d’y trouver un peu de lumière.

On espère que cette noirceur sera bientôt derrière nous et que vous viendrez nous rendre visite pour des concerts ?

Pour l’instant je garde un lien avec la France puisque je bois du vin de Bordeaux. C’est un bon moyen de patienter, en espérant pouvoir bientôt venir déguster ce vin que j’affectionne particulièrement directement chez vous.

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