Entretiens Société

Pack du Dirty Riderz Crew, en roues libres !

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Les « rodéos sauvages » à moto sont devenus en quelques années un sport national pour des jeunes en manque de sensations ; des jeunes qui s’approprient l’asphalte des villes comme des campagnes pour, gonflés à l’adrénaline, défier, dans des figures dignes des meilleurs cascadeurs, tout autant les lois de la gravité que celles qui régissent notre code de la route. Si le phénomène fait les choux gras des médias qui mettent en avant la réelle dangerosité de cette pratique et les nuisances qu’elle génère, on est en droit de s’étonner du mutisme des municipalités comme des administrations lorsqu’une équipe connue et reconnue de la « bike life », la Dirty Riderz Crew, souhaite, tout en véhiculant un message pédagogique, encadrer ces « rodéos » sur des pistes dédiées, sécurisées. Pack, leader de cette team et à l’initiative du projet, explique son désarroi face à des instances gouvernementales qui font la sourde oreille et préfèrent visiblement la répression à la prévention.

 “Le meilleur moyen aujourd’hui d’enrayer le phénomène des « rodéos sauvages », c’est de l’encadrer ! ”  

Cliquez sur l’image pour découvrir le reportage consacré à la Dirty Riderz Crew

Peux-tu tout d’abord nous faire une présentation de ce qu’est le Dirty Riderz Crew ?!

Nous sommes à la base une équipe de motards qui pratiquons l’acrobatie sur des motos de cross. La team est née en 2013 et a pas mal évolué depuis. On est par exemple partis aux États-Unis pour représenter la France, on a été nominés sur des concours, tourné un court métrage, monté une association pour tenter de défendre des valeurs différentes que celles montrées dans les médias et qui nous stigmatisent. Notre souhait : Proposer un encadrement légal autour de notre discipline.

Vous êtes combien de membres actifs au sein de la team ?

Je dirais une petite vingtaine de membres officiels qui sont composés de personnes qui sont avec nous depuis le début de l’aventure ou bien encore des coups de cœur rencontrés à force de rouler. Sur l’ensemble de la France, je pense qu’on peut dire qu’aujourd’hui la team compte entre 70 et 80 membres.

Pour beaucoup de fans de rap, votre discipline, c’est avant tout le clip de DMX « Ruff Ryders’ » sorti en 1998 qui a pas mal popularisé votre approche de la moto. Peux-tu nous parler des débuts du mouvement des riders né aux Etats-Unis ou, comme tu le disais, tu t’es rendu avec ton crew pour te mesurer aux meilleurs de la discipline ?!

Nous sommes partis pour la première fois à New-York en 2015. L’idée était d’aller nous rendre compte de nos propres yeux comment ça roulait là-bas. Avec les réseaux sociaux, on voyait ce qu’il passait de l’autre côté de l’Atlantique avec un niveau qui nous paraissait très élevé et auquel, forcément, on a eu envie de se mesurer. Aller rouler là-bas, c’était bien sûr l’accomplissement d’une sorte de rêve, un retour aux sources car, comme tu le disais, le mouvement est né aux Etats-Unis. En 2015, on a roulé à New-York, Philadelphie, Camden… Nous devions également nous rendre à Baltimore, mais en raison des émeutes qui ont suivi la mort de Freddie Gray cela s’est avéré impossible. Il faut comprendre que pour nous, Baltimore c’est LE temple de la bike life, un peu l’équivalent du Camp Nou (le stade du FC Barcelone, ndlr) pour les amateurs de football. Comme en 2015 nous sommes rentrés en France avec un goût d’inachevé, nous sommes donc retournés en 2016 passer un mois aux USA avec un stop à Baltimore dès le premier week-end. Cela a été l’occasion de rencontrer par exemple Chino qui est l’une des principales figures du mouvement.

Cliquez sur l’image pour découvrir le vidéo de DMX, Ruff Ryders’

Aujourd’hui, on parle de rodéos sauvages à deux roues dans les médias alors que vous, qui tentez d’avoir un groupe structuré et souhaitez justement que des endroits dédiés vous soient réservés, faites face au mur des administrations qui ne prennent pas en considération vos demandes. Comment expliquer que l’on vous ferme autant les portes, vous empêchant, de fait, d’encadrer et de quelque peu légiférer votre discipline ?

Dans le terme « rodéos sauvages », on met hélas tout le monde dans le même panier ! Quelqu’un qui va aller rouler dans une zone industrielle ou en pleine campagne loin des habitations va être rangé dans la même catégorie que celui qui fait des roues arrière sans casque en pleine ville. Il faudrait donc déjà clarifier le terme de « rodéo sauvage » pour désigner ceux qui roulent n’importe comment en bas des habitations par exemple. Après, pourquoi nous n’obtenons aucune réponse face à nos demandes répétées pour tenter d’encadrer la discipline, ça malheureusement je n’ai pas la réponse ! J’ai personnellement tenté de contacter en 2017 l’administration après un grave accident survenu à Wissous où deux motards se sont percutés et pendant lequel, malheureusement l’un d’eux y a laissé la vie. À partir de là, on a créé l’association et tenté de prendre contact avec le maire de Wissous qui ne nous a jamais répondu. J’ai essayé de faire remonter l’information à la préfecture, sans aucune réponse là encore. Je me suis donc adressé directement au ministère des sports pour tenter d’encadrer notre discipline. On m’a alors expliqué que, si l’idée était très bonne, la ministre n’avait hélas pas le temps de me recevoir. Après, on m’a renvoyé au directeur des sports qui m’a gentiment fait comprendre que nous n’avions pas à pratiquer notre discipline sur routes ouvertes et, en gros, que l’on se débrouille comme on voulait mais sans faire de vagues. Depuis, je ne cesse de les relancer, même avant que l’ancien ministre de l’intérieur Christophe Castaner ne durcisse la loi contre les rodéos sauvages suite à deux accidents survenus lors du premier confinement. En fait, malgré mes nombreuses sollicitations pour encadrer notre discipline, rien n’avance !   

Que demandez-vous concrètement toi et ta team ?

C’est très simple ! On demande un endroit afin de pouvoir accueillir ceux qui souhaitent pratiquer notre discipline et ça dans le but de les encadrer. Si l’on obtient un lieu dédié, fermé à la circulation, il y aura forcément moins d’accidents. On pourra se permettre par exemple d’être dans l’optique d’obliger les pratiquants à porter un casque, un équipement de protection, choses qui sont illusoires dans la rue. L’idée serait même de faire de la prévention auprès des plus jeunes afin de leur expliquer les raisons pour lesquelles il ne faut pas aller rouler au cœur même de la ville. Bien sûr, je ne leur jette pas la pierre car c’est comme ça, moi aussi, que j’ai débuté et que je suis tombé amoureux de ce sport ! Aujourd’hui, il faut simplement leur donner les moyens d’aller s’exprimer ailleurs qu’en bas de leur immeuble. Mais comme il n’existe aucune structure le leur permettant, c’est vraiment le chien qui se mord la queue. Aujourd’hui, avec la team on a un peu plus de moyens et même lorsque l’on met les motos dans des camions et que l’on se tape deux heures de routes pour rider sur des routes dessertes, il n’est pas rare qu’au bout d’une demi-heure les gendarmes se pointent pour nous demander de dégager.

Vous pâtissez forcément de la mauvaise image de votre discipline qui, dans les médias, n’est montrée que par les nuisances sonores qu’elle génère, la dangerosité du fait qu’elle ne soit pas encadrée et pratiquée souvent sans casque par des jeunes qui prennent des risques et en font prendre à ceux qui se trouvent sur leur route… Que réponds-tu à ces détracteurs ?

Il faut bien sûr comprendre les gens qui sont excédés par ce qu’on appelle les « rodéos sauvages ». J’ai personnellement arrêté de tourner en bas de chez moi car un soir, alors que j’avais tourné quasiment toute la journée, ma mère a craqué en me disant que je lui avais cassé la tête tout l’après-midi ! J’ai pris alors conscience de cette nuisance sonore qui impactait tout le voisinage. À partir de ce moment-là, on a continué à sortir nos motos mais on allait faire des grands tours. Là, nous nous sommes mis à rencontrer d’autres adeptes comme nous de la discipline dans plusieurs départements et, effectivement, le mouvement a pris de l’ampleur. On a organisé des manifestations comme le Halloween Ride Out où il n’y avait pas moins de 800 motos, ce qui montre que derrière ce que l’on nomme vulgairement « « rodéos sauvages, il y a un vrai mouvement avec des gens passionnés. Dans ces pratiquants, il n’y a pas que des mecs de cités comme on veut le laisser penser dans les médias. Il y a des comptables, un avocat, un type que l’on connait très bien et qui travaille dans la microbiologie, des patrons de société, nous qui sommes en train d’ouvrir un garage tout à fait légal pour préparer les motos… Bref, c’est une population très éclectique. Si l’on prend les chiffres du ministère, le plus gros des rodéos sauvages se situe aujourd’hui en zone gendarmerie et non en zone police ce qui prouve que c’est un phénomène qui touche aussi les campagnes et ne se résume pas à l’échelle des banlieues comme on aimerait le faire croire.

Tu es auxiliaire de vie pour des personnes handicapées un métier qui, de prime abord, semble assez éloigné de ta discipline de rider. Comment es-tu tombé dans le grand bain ?

J’étais tout petit déjà amoureux de la moto. Comme ma mère travaillait pour un conseil départemental, j’ai pu bénéficier de colonies de vacances pas chères. Tous les ans, je cherchais donc des colonies qui proposaient une activité moto. Avec ma première paye en 2002, après avoir pas mal trainé sur les bécanes de mes potes, j’ai enfin pu acheter ma moto. J’avais 20 ans et depuis je n’ai jamais lâché même si cette discipline m’a coûté cher puisque j’y ai perdu un très bon ami tragiquement décédé.

Justement, tu évoques ce drame de la perte d’un ami. C’est aussi pour cela que tu te bats pour disons réglementer cette discipline. Si vous bénéficiez d’endroits dédiés et que, comme tu le disais, tu parvenais à faire passer un message disons pédagogique, on pourrait certainement éviter bien des accidents tragiques !

Tout à fait ! Notre discipline est une pratique extrême mais du fait qu’elle soit « sauvage » et en rien encadrée, cela la rend forcément encore plus extrême. Je vais te donner un exemple. J’habite à Choisy le roi et Rungis se situe juste à côté de chez moi. Dans les années 70, les motards de l’époque se donnaient rendez-vous à Bastille et se tiraient la bourre jusqu’à Rungis qui était presque transformé en circuit de motos. Il y a eu beaucoup d’accidents, pas mal de décès et, le 23 septembre 1977, une jeune fille d’à peine 18 ans, Carole Le Fol a été percutée par un motard et est morte. Il a fallu en arriver à ce drame pour que les pouvoirs publics de l’époque se décident à encadrer les motards et fasse construire, à Tremblay-en-France, le Circuit Carole en hommage à cette jeune fille décédée. Depuis 2006, les pouvoirs publics ont été alertés du fait que le circuit était devenu trop petit et que pas mal de motards faisaient des runs aux alentours et pourtant, depuis 14 ans, rien n’a bougé !

En préparant cette interview, je suis tombé sur un article paru en ligne sur le site du journal Le Parisien et qui pointe du doigt le business très lucratif des motos volées lié aux rodéos sauvages là où toi et ta team justement avez pris l’initiative d’ouvrir un garage. Là encore, encadrer votre discipline avec pourquoi pas une fédération serait l’occasion de limiter ce dit trafic. On a du mal je l’avoue à comprendre que rien ne bouge !

Je ne suis pas policier et n’ai pas le pouvoir de vérifier les motos des gens. Parfois, lorsqu’on fait une sortie, on est 15 ou 20 avec pas mal de personnes que l’on ne connait pas. Comment suis-je censé faire pour savoir si la moto à côté de moi a été volée ? Après, comme je te l’ai dit, ceux avec qui j’ai l’habitude de tourner exercent des métiers qui font que, franchement, ils n’ont pas besoin de voler une moto pour tourner. Bien sûr je ne vais pas dire qu’il n’y a pas de trafic mais si demain tu es dans un parc et qu’un groupe de jeunes vient t’inviter à jouer au foot avec eux, tu vas vérifier la facture du ballon avant de taper dedans ? Moi, c’est pareil, je ne vais pas demander la facture des motos des autres. Après, si l’on a un endroit fermé, ce n’est pas la même chose. Si les mecs veulent venir tourner avec nous, on peut alors leur demander un papier en préfecture, bref tout un tas de choses qui nous prouvent qu’ils tourneront avec des motos qui ont été légalement achetées et non volées. Moi, je pense sincèrement que le fait de dire que, dans notre milieu, il n’y aurait que des motos volées permet simplement de nous stigmatiser encore un peu plus.

Puisque vous n’avez ni routes ni terrains dédiés, comment s’organise aujourd’hui une sortie avec ta team ?

C’est très compliqué. Aujourd’hui par exemple, lorsque l’on va rouler, on ne fait aucune publicité sur les réseaux sociaux, ce qui était encore le cas il y a un an. Ça nous évite d’être suivis à la trace et de nous retrouver sur des lignes droites au milieu de 300 personnes. Avec la nouvelle loi anti rodéos qui est passée récemment, si jamais la police se pointe, elle dira forcément que je suis à l’origine de l’évènement et là, je m’expose carrément à une peine de prison. On prend donc nos camions et, généralement, on se trouve une petite ligne droite à l’abri des regards, dans une zone entourée de champs à une ou deux heures de Paris. Malgré ça, il nous arrive comme je te le disais de nous faire déloger par les gendarmes. Parfois cela se passe très bien avec des forces de l’ordre compréhensives qui nous expliquent que l’on ne dérange personne si ce n’est les lapins. À d’autres moments, ça se passe mal, des mots pas très agréables, des « dégagez de là », des bombes lacrymogènes dans les mains et des motos saisies…

Pour lutter plus efficacement contre cette nouvelle pratique particulièrement risquée, mais également pour faciliter l’intervention des forces de l’ordre, comme tu l’évoquais, la loi de renforcement de la lutte contre les rodéos à moto a été adoptée par le Sénat. Désormais, les rodéos à moto sont des délits à part entière lourdement sanctionnés. Plus question d’amende forfaitaire, les contrevenants risquent des peines de prison allant d’un à cinq ans en fonction des circonstances constatées. Cette décision t’inspire quoi ?

Pour le coup, je trouve que c’est devenu un business. On parle d’amendes entre 15.000 et 50.000 euros juste pour être allé faire un tour de moto ! Je vois des mecs qui tapent dans la caisse ou qui sont pris pour des délits vraiment graves et qui ne prennent pas autant et ne mettent jamais les pieds en prison. Nous, on a un mec de notre groupe, papa de deux enfants, avec un travail et qui purge aujourd’hui de la prison pour avoir été pris à faire de la moto. C’est loin d’être Jacques Mesrine et pourtant il va devoir faire 17 mois fermes ! Il y a des mecs qui fomentent des attentats, qui agressent et on a la désagréable impression que notre discipline doit servir d’exemple. Le pays marche sur la tête ! On est en train de criminaliser un simple tour de moto, c’est quand même hallucinant.

Tu penses qu’on est clairement là face aux deux poids deux mesures ?!

Ce n’est même plus deux poids deux mesures là, c’est le monde à l’envers. Il y a un fossé entre ce qu’il faudrait faire pour notre discipline et ce qui est appliqué. Aucune prévention, zéro pédagogie, pas d’endroits pour rouler ailleurs que dans la rue… Ils essayent par tous les moyens de nous faire arrêter ce sport, mais on n’arrêtera jamais, c’est notre passion. Si demain on retire tous les ballons de foot, les mordus continueront à jouer en faisant des balles avec tout ce qui leur tombera sous la main. Le meilleur moyen aujourd’hui d’enrayer le phénomène des « rodéos sauvages », c’est de l’encadrer ! Là par exemple, je suis en train de monter un projet de compétition et l’on a d’ailleurs trouver un lieu pour nous recevoir. Ça devrait se dérouler au mois de septembre 2021 et ça serait le premier évènement autour de notre discipline. C’est un évènement que l’on va nous-mêmes financer sans aucune aide alors qu’aujourd’hui je gagne 1700 euros par mois. Dans notre société, tu montes ton club de foot avec une vingtaine de licenciés et tu as le droit à un stade, des vestiaires, des aides… Ça a un certain coup et, objectivement, je ne suis pas persuadé que le foot soit le sport qui véhicule les meilleures valeurs ; Entre les bastons de supporters, les cris racistes ou homophobes… Et ce serait nous les délinquants ?! Il serait peut-être temps de remettre un peu les pendules à l’heure. On ne nous considère pas comme des sportifs. Même la fédération française de moto ne veut pas entendre parler de nous !

Effectivement, les médias vous donnent une image de délinquants et non de sportifs même pour ta team très structurée !   

Il serait temps que nous soyons considérés comme des sportifs. J’ai vu des trucs de dingue expliqués sur des chaînes d’infos nous concernant où l’on a quasiment l’impression que nous serions une sorte de gang, une vraie bande mafieuse. On raconte vraiment tout et n’importe quoi sur notre discipline. Il faudrait que les médias vérifient leurs sources même s’il est arrivé qu’on laisse à notre team l’occasion de nous exprimer, parfois. 

Si, justement, on te donnait un quart d’heure pour plaider ta cause devant le gouvernement, quel serait ton message ?

Il n’y a quelques temps, j’ai été invité sur une chaîne d’infos pour débattre avec le préfet des Bouches-du-Rhône, département où l’état a été condamné à payer 10.000 euros à une association de riverains en raison de son inaction pour lutter contre les rodéos sauvages. J’étais arrivé sur le plateau avec mes petites fiches et là, le préfet a refusé de débattre avec moi. Ce que j’aimerais, c’est un rendez-vous avec une personne compétente au gouvernement pour simplement qu’elle m’écoute. Des solutions pour réglementer notre discipline, j’en ai mille ! Des solutions payantes, avec un circuit, un endroit dédié. Des solutions gratuites où l’on utiliserait des lieux déjà existants comme le circuit Carole que je ne peux pas me permettre de louer car c’est trop cher. Il faut savoir que mon association ne touche aucune subvention là où tous les sports en obtiennent. La cotisation pour notre association est très modérée et sert simplement à pouvoir acheter de quoi faire un barbecue si l’on se fait une sortie. Ce n’est aucunement fait dans un but lucratif. On a créé un cadre légal, aidez-nous à le pousser jusqu’au bout pour encadrer les choses. Comme je te le disais, on peut même aller plus loin en faisant de la prévention par exemple. Expliquer à des gamins de 16 piges pourquoi le port du casque est primordial. Eux, ce qu’ils voient, ce sont des vidéos de mecs à Miami ou Philadelphie qui font des roues arrière sans casque. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que là-bas, il n’est pas obligatoire d’en porter un vis-à-vis de la loi. En France, tu dois porter un casque, c’est comme ça et ce n’est pas pour que tu ressembles à un con mais simplement pour te protéger. Le meilleur exemple que je puisse donner à un gamin, c’est mets-toi à quatre pattes, cogne-toi la tête dans le béton et tu verras comme ça fait mal. Imagine si cela t’arrive à moto ce que sera le résultat ! On peut même imaginer aller plus loin en faisant par exemple de la prévention, des journées portes ouvertes dans certaines écoles avec des jeunes en difficultés scolaires qui, pour certains, pratiquent de manière sauvage notre discipline. Cela serait l’occasion de leur mettre devant les yeux une autre vision du ride que celle qu’ils connaissent.

De la pédagogie, de la prévention… plutôt que de la répression !

Parfaitement et hélas, en ce moment, on n’est pas du tout dans ce registre-là. Aujourd’hui, le gouvernement ne fait qu’une chose, c’est nous taper sur les doigts. Si demain on nous trouve un endroit dédié, il sera alors temps de faire dans la rue une répression légitime. Depuis le mois de mai, la police a de nouveau le droit de poursuivre les mecs à deux roues, même non casqués, ce qui s’est toujours fait d’ailleurs. Je trouve ça très dangereux pour ceux qui se font poursuivre comme pour ceux qui poursuivent alors que, lorsque tu écoutes les policiers, ils te disent qu’ils savent qui se trouve sur la moto. Dans ce cas, pourquoi ne pas juste aller chez eux ou les convoquer au commissariat au lieu d’opter pour une course-poursuite ? Là, c’est un risque pris pour tout le monde. Quand j’ouvre le Parisien et que je vois qu’un gamin de 19 ans est mort dans une course poursuite, ça me fait vraiment mal au cœur. Franchement, encadrer notre discipline pourrait sauver des vies. Pendant cette crise de la Covid, j’écoutais le ministre de la santé Olivier Véran qui expliquait qu’une vie ça n’avait pas de prix. Je suis 100% d’accord avec lui mais alors appliquons cela à tous les domaines, le nôtre y compris et pas que pour sauver les gens de la Covid. Je ne vais pas faire un décompte macabre, mais ces dernières années, si l’on comptabilise ceux qui ont perdu la vie sur leur moto ou, piétons, ont été percutés et sont morts, le chiffre fait froid dans le dos. Ma prochaine étape est de faire signer aux plus de gens possibles une pétition afin d’espérer pouvoir faire bouger les lignes et endiguer ces drames du quotidien. Au lieu de saisir nos motos et les vendre aux enchères, on ferait mieux de se servir de cet argent pour nous aider et structurer notre discipline. Il ne faut pas oublier que ce que l’on te montre à la télé, des jeunes qui tournent en bas de la cité, c’est entre 5 et 10% de ceux qui pratiquent. Le reste, ceux qui veulent faire avancer le débat, les médias évitent hélas trop souvent d’en parler.

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